La combustion dans les composteurs... Parlons-en !
01/03/2021 |
Compost
Le bureau d’étude Atossa, spécialisé dans le risque d’incendie industriel, a fait paraître en mai dernier une étude très intéressante sur les risques de combustion spontanée des tas de compost.
En d’autres termes : y a-t-il des risques de « combustion spontanée » des matières de nos composteurs, et si oui, comment y parer ?
Cette étude porte exclusivement sur les plateformes de compostage industrielles ; néanmoins, nous pouvons en tirer bon nombre d’enseignements pour la pratique du compostage de proximité…
La combustion spontanée : quézako ?
On parle de « combustion spontanée » lorsque le feu s’initie en profondeur, et non en surface, du tas : elle n’est pas influencée par des éléments extérieurs, mais plutôt par les éléments présents dans le tas lui-même, et leurs propriétés.
Dans un tas de compost, la montée en température proviendra ainsi principalement de l’activité métabolique de la biomasse, et de l’oxydation éventuelle du tas.
Dans quels cas de figure peut-on la constater ?
L’étude lève quelques idées reçues au passage (comme la production de méthane auto-inflammable en conditions anaérobies, par exemple), et présente les principaux cas de figure dans lesquels les combustions spontanées de compost ont pu être observées :
- taille du tas (andains industriels ici) supérieure à 3,50m de haut et 4,50m de large
- taux d’humidité trop bas (compost trop sec, humidité représentant entre 20 % et 40 % du poids total). A noter, en-dessous de 20 % de taux d’humidité, l’activité organique n’est pas considérée comme suffisante pour les scientifiques pour générer une trop forte montée en température spontanée… Plutôt rassurant pour nos tas de broyat !
Outre ces deux informations essentielles pour nos propres conceptions de sites de compostage, l’étude rappelle qu’un bon brassage est essentiel : rien de tel pour éviter les poches trop sèches en cœur de tas, elles aussi susceptibles de combustion spontanée alors que l’intégralité du tas n’y aurait pas forcément été sujet...
Fait amusant, le test de la poignée est également recommandé dans l’article pour avoir une première estimation du taux d’humidité d’un compost industriel !
Et en cas d’incendie, que faire ?
Si un feu de compost venait à se déclarer malgré toutes les précautions prises, deux actions conjointes sont préconisées : étaler le tas puis l’humidifier.
En effet, lorsqu’une combustion se déclenche au cœur d’un tas, mieux vaut le décompacter avant d’arroser, que de n’arroser qu’en surface, au risque que l’eau ruisselle sans pénétrer en profondeur.
Pour en savoir plus :
N’hésitez pas à consulter l’article, qui détaille aussi bien les taux d’humidité optimaux que les différentes manières de sécuriser un site :
https://atossa.fr/2020/05/25/les-combustions-spontanees-de-biosolides-le-cas-du-compost/
- Marianne Thibault, animatrice du RCCNA -