Un peu de lecture pour votre pause estivale !

12/06/2024 | Acteur/Prestataire
lecture
Billet d'humeur par Hervé Lonque, adhérent du RCCNA. Merci à lui !

Le hasard fait souvent bien les choses et l’enchaînement des lectures nous permet de confronter des idées et de comparer les sentiments qui nous animent à l’issue de chaque opus. Lorsque j’ai refermé les dernières pages de « Jamais Seul » de Marc-André Selosse, je ressentais une joie intense. Mon for intérieur avait ainsi absorbé un doux mélange de connaissances tout en réalisant qu’il était l’hôte d’un microbiote pléthorique. L’ouvrage me permettait de remettre à jour des choses apprises au cours de mes lointaines études qui n’étaient plus forcément d’actualité. La science évolue continuellement et grâce aux travaux de chercheurs passionnés, nous accédons à une meilleure appréhension de notre environnement et des fonctionnements de tous les acteurs du vivant de notre belle planète. Quelle belle surprise de découvrir que les mitochondries et les plastes sont des bactéries et comment des processus métaboliques essentiels comme la photosynthèse, le cycle de Krebs et la génération d’ATP sont le fruit d’une activité de corps « étrangers »… Étranges étrangers, vous nous êtes bien utiles ! « Jamais seul » est un véritable récit scientifique avec une construction qui rend haletante la lecture bien que l’écriture soit précise et très riche en vocabulaire spécifique. Il pourrait être considéré comme un ouvrage réservé à des lecteurs initiés, mais ce n’est pas du tout le cas ! Au cours de ma récente formation de Maître Composteur auprès de l’OF « Au Ras Du Sol », nous avons eu la chance d’échanger avec Bruno Wisniewski qui comparait l’importance de ce livre à « De l’origine des espèces » de Darwin ! Je fus surpris de l’audace de Bruno mais je dois reconnaître qu’il avait raison : identifier l’invisible - ou plus exactement l’infiniment petit – et son rôle est aussi essentiel pour notre 21ème siècle que de comprendre le processus évolutif des espèces et de sa capacité à s’adapter au 19ème siècle. Cette question doit nous apporter des réponses pour imaginer un monde différent.

La question d’un monde différent était également portée par les 2 principaux protagonistes de « Humus » de Gaspard Koenig. Inspirés par l’engagement de Marcel Combe (dans la fiction, hommage à peine dissimulé à Marcel Bouché), Arthur et Kevin vont se lancer dans les quêtes respectives de la régénérescence des sols et du vermicompostage. La lecture est fluide. On est pris par l’aventure de ces 2 jeunes, mais on n’en ressort pas forcément animé par l’espoir de lendemains qui chantent. J’ai donc essayé d’analyser mon ressenti et je conclus alors que la grande différence entre les 2 livres, au-delà de la forme, était liée à leur dimension sociale. Dans « Humus », Arthur et Kevin vivent des aventures profondément individuelles. Dans « Jamais seul », avec un titre déjà très explicite, nous sommes engagés dans une aventure collective ; il donne foi à la nature et à la capacité du vivant à se régénérer et à se réinventer. C’est un appel à l’action, à l’impérieuse nécessité de développer des forces nouvelles grâce à des processus de mutualisation ou de symbiose. Le collectif sera toujours plus fort que de « rester seul ». En tant que « composteur » et militant de la PG prox, je trouve ainsi « Jamais seul » beaucoup plus inspirant d’un point de vue professionnel et surtout d’un point de vue philosophique. Les valeurs de la PGprox autour de l’entraide et de la réalisation collective en sortent renforcées et le message est assez simple : « Comprendre les mécanismes du vivant et agir maintenant et ensemble, tous ensemble ! » Le RCC nous offre un levier incroyable pour créer ce collectif : ne nous en privons pas !